L’aquaponie est une méthode d’agriculture hors-sol qui consiste à faire pousser en même temps des plantes comestibles et à élever des poissons. Cette technique ne date pas d’hier, car elle était déjà utilisée sous des formes plus traditionnelles par les civilisations précolombiennes. Elle est idéale pour récolter des plantes dans un espace restreint et favorise la production d’une alimentation saine et durable. Envie de cultiver vos propres aliments tout en faisant une fleur à l’environnement ? Découvrez-ci après tout ce qu’il faut savoir sur l’aquaponie.
L’aquaponie dans l’histoire et la culture
Les premières traces de l’aquaponie dans l’histoire date d’il y a environ 1 000 ans. Pour compenser le manque de terres fertiles dans certaines régions mésoaméricaines, les Aztèques avaient édifié des îlots artificiels à partir de roseaux et de boue appelés « chinampas » ou « jardins flottants » à la surface des lacs et des marais. Les végétaux qui poussaient sur ces petites îles bénéficiaient non seulement d’une irrigation permanente, mais aussi des nutriments contenus dans la boue.
On retrouve également une autre variante de l’aquaponie en Asie, plus particulièrement en Chine, en Indonésie et en Thaïlande. Baptisé rizipisciculture, ce système riz-poisson apparu il y a 1 700 ans consiste à élever des poissons et des crevettes simultanément à la culture de riz dans une rizière. Les poissons se nourrissent des algues, des escargots et des insectes nuisibles, et fertilisent les plants de riz avec leurs déjections.
Une combinaison entre l’hydroponie et l’aquaculture
Tout comme pour la rizipisciculture, l’aquaponie est une autre manière de faire vivre ensemble des végétaux et des poissons dans un mini-écosystème. Son fonctionnement est basé sur un principe de partage, car la présence des uns est bénéfique aux autres – et réciproquement. Pour entrer dans les détails, l’aquaponie fait intervenir trois types d’acteurs : les plantes, les poissons et les bactéries. Notez que les végétaux et les poissons sont répartis dans deux bassins différents.
Les poissons rejettent des matières organiques concentrés en phosphore, en potassium et surtout en ammoniaque. Ce dernier élément est ensuite transformé en nitrites par les bactéries Nitrosomonas, puis en nitrates par les bactéries Nitrobacter. Les nitrates constituent des nutriments indispensables à la bonne croissance des plantes. L’eau riche en minéraux est alors acheminée vers le bac de culture afin d’irriguer un substrat dans lequel les plantes sont enracinées. En contrepartie, les végétaux vont filtrer et épurer l’eau qui va revenir alimenter le bac à poissons. Et ainsi de suite.
Que faut-il pour installer un système aquaponique à la maison ?
Un système aquaponique peut aussi bien être installé à l’intérieur qu’à l’extérieur de votre maison. Vous pouvez choisir un emplacement d’environ 2 m² pour commencer. Le montage nécessite plusieurs éléments :
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un substrat
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des tuyaux
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une pompe à air/eau
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un filtre (à tourbillon ou avec des mousses et de la pouzzolane)
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deux bassins
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de l’huile de coude.
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un siphon
Comme évoqué plus haut, cette technique de production nécessite deux bassins : l’un destiné à l’élevage des poissons et l’autre, à la culture.
Utilisez de préférence des cuves IBC de 1000 l. Toutefois, les dimensions des bacs et le volume d’eau varient selon la quantité de légumes et de poissons que vous souhaitez produire. Bon à savoir, la circulation de l’eau est assurée par la pompe à eau et son oxygénation par la pompe à air. Par ailleurs, les végétaux se développent sur un lit de culture à substrat. Vous avez le choix entre plusieurs types de substrat : gravier, billes d’argile expansées ou encore mousse synthétique.
Cependant, les plantes peuvent être cultivées sans substrat. Dans la culture sur film nutritif (NFT), celles-ci sont placées au-dessus de rigoles de culture dans lesquelles circulent un filet d’eau qui vient arroser les racines. Dans la culture sur raft (ou DWC), elles sont disposées sur une plaque flottante percée afin que les racines puissent être trempées.
Une fois votre système aquaponique installée, voici quelques conseils pour l’entretenir et assurer le bon développement de ses occupants. Tout d’abord, vérifiez régulièrement le pH de l’eau, qui doit se situer autour de 6-7, ainsi que la température, idéalement entre 18 et 30 °C. L’oxygène dissous (OD) s’élève normalement à 5 mg/l. Il est aussi recommandé de surveiller les niveaux d’azote et d’alcalinité. Pour une cohabitation harmonieuse, choisissez des plantes et des poissons qui présentent les mêmes besoins.
Quelles plantes et quels poissons pour votre système aquaponique ?
Si vous disposez d’un système aquaponique tout récent, il est recommandé de cultiver des végétaux peu exigeants en nutriments. Privilégiez des légumes à feuilles vertes comme la laitue, le cresson, la bette à carde et le concombre. Vous pouvez, bien sûr, ajouter des nutriments hydroponiques pour soutenir vos cultures. Au fur et à mesure que votre système aquaponique se développe, ajoutez des plantes plus gourmandes en engrais tels que les poivrons, les tomates et les choux.
Quant aux poissons, choisissez des espèces comme le tilapia, la perche-soleil, la carpe, le poisson-chat, la perchaude, le barramundi et la môle. Si vous ne projetez pas de les mettre dans votre assiette, faites la part belle aux poissons d’ornement comme le poisson rouge et la carpe koï. Un système aquaponique peut aussi accueillir des crustacés comme les écrevisses et les crevettes d’eau douce.
Les avantages de l’aquaponie
L’aquaponie est décidément un mode de production alimentaire aux multiples atouts. Tout d’abord, c’est un circuit fermé où les plantes sont nourries à partir d’engrais 100 % biologiques fournies par les poissons, et où ces derniers profitent d’une eau nettoyée par les plantes. De votre côté, vous récoltez des aliments sains et savoureux sans impacter sur l’environnement. Non des moindres, comme l’eau est recyclée en permanence, ce système contribue à diminuer sa consommation et donc, à alléger votre facture d’eau.
Également, l’aquaponie contribue à obtenir de la nourriture, même dans les régions où le sol est peu fertile ou qui manquent de terres agricoles. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle est mieux adaptée aux zones urbaines et périurbaines. Et pour cause, c’est une technique d’agriculture hors-sol ! Sur le plan économique, l’aquaponie favorise le circuit court et donc le développement de l’économie locale.
En installant des fermes aquaponiques en milieu urbain, les consommateurs vont directement s’approvisionner auprès des producteurs. Il y a alors peu ou pratiquement pas d’intermédiaires, ce qui donnera des produits plus accessibles et moins coûteux. Dans les pays du Sud, elle peut être une solution pour réduire les importations de denrées agro-alimentaires.
Les limites de l’aquaponie
En dépit de ses nombreux avantages, cette symbiose entre les plantes et les poissons présente aussi quelques points faibles. À grande échelle, il devient difficile de maintenir un équilibre entre les plantes, les poissons et les bactéries. De plus, l’installation d’un système aquaponique nécessite un certain budget – selon qu’il soit horizontal ou vertical. Si l’aquaponie permet d’économiser de l’eau, son fonctionnement est énergivore – ce qui peut impacter sur votre facture d’électricité. Si vous vous lancez, l’idéal est de recourir aux énergies renouvelables.
Enfin, comme évoqué plus haut, l’aquaponie est surtout recommandée pour la culture des légumes à feuilles vertes. Les graminées, les tubercules et les fruits y sont plus épineux à faire pousser. Néanmoins, cette méthode se développe aujourd’hui dans plusieurs pays. Ses avantages en font un mode de production répondant aux défis environnementaux : mieux consommer tout en protégeant la planète.